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Crise de l'agroalimentaire en Bretagne Réactions mitigées après les annonces du Premier ministre

RENNES, 16 oct 2013 (AFP) - Face à la grave crise qui frappe l'agroalimentaire en Bretagne, les annonces faites mercredi par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault ont reçu un accueil mitigé dans la région, certains considérant qu'elles ne sont pas à la hauteur des enjeux quand d'autres veulent croire aux engagements du gouvernement.

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Après une réunion interministérielle mercredi midi, le Premier ministre a principalement annoncé le déblocage de 15 millions d'euros pour venir en aide à la filière agroalimentaire et s'est engagé à favoriser la cession de l'abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau, où près de 900 salariés ont perdu leur emploi, à la communauté de communes de Landivisiau.

Pour la Chambre régionale d'agriculture, « les mesures annoncées (...) ne règleront rien ». « Chacun doit en être conscient, la Bretagne ne s'en sortira que par elle-même », écrit son président Jacques Jaouen, qui fustige une nouvelle fois l'écotaxe, « véritable provocation ».

Même son de cloche, du côté de Christian Troadec, maire de Carhaix, proche du site de Marine Harvest à Poullaouen, où l'arrêt de l'usine a été décidée par le roi norvégien du saumon fumé. Jean-Marc Ayrault, qui « ne résout rien » , « n'a pas eu un mot » pour ce site alors même que le groupe norvégien Marine Harvest a fait « 113 millions de bénéfices au premier semestre 2013. C'est scandaleux », écrit ChristianTroadec, pour lequel les 15M euros promis sont des « mesurettes financières ». L'élu demande aussi « la suppression pure et simple de l'écotaxe ».

Pour l'UDB (Union démocratique bretonne), alliée au PS au sein du Conseil régional, les annonces de Matignon « ne sont pas à la hauteur des enjeux et de la gravité de la crise bretonne ». Le parti plaide « depuis des années (...) pour un changement de stratégie économique en Bretagne (...) un nouveau modèle fondé sur une production de qualité et la recherche de valeur ajoutée ». Pour construire l'économie bretonne de demain (...) ce qui manque le plus aujourd'hui », c'est « la capacité d'agir par un réel pouvoir au niveau de la Bretagne », estime l'UDB.

Quant au député UDI d'Ille-et-Vilaine, Thierry Benoit, il propose « une expérimentation qui confère à la région Bretagne (...) un pouvoir règlementaire en matière » de développement économique, ainsi que « la suspension de l'écotaxe », « inopportune » dans le contexte économique actuel.

L'optimisme revient à Lampaul-Guimiliau

En revanche, les élus de Landivisiau et de Lampaul-Guimiliau (Finistère) ont accueilli positivement les annonces gouvernementales. Le président de la communauté de communes de Landivisiau, Georges Tigreat, a déclaré que « toutes les dispositions seront prises pour remettre en fonctionnement » le site de Lampaul-Guimiliau. « On fait redémarrer l'outil », a-t-il assuré à l'AFP. Georges Tigreat réagissait à l'annonce du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, mercredi, selon laquelle « l'Etat favorisera la reconversion du site de l'entreprise Gad et notamment, comme il l'avait demandé, la cession du site à la communauté de communes du Pays de Landivisiau ». Les modalités d'une éventuelle cession du site de Lampaul n'ont pas été précisées par le Premier ministre. Mais pour Georges Tigreat, « l'optimisme revient. On n'est pas mort », a-t-il dit à l'AFP, sans dévoiler quelle activité pourrait être développée sur le site de Lampaul, ni avec quelle entreprise. « L'opérateur s'annoncera le moment venu », a-t-il dit à l'AFP sans autres précisions.

De son côté, le maire de Lampaul-Guimiliau, Jean-Marc Puchois, a estimé que la mesure annoncée par le Premier ministre était une « première victoire ». « C'est pour nous inespéré ». « Maintenant il faut remettre quelqu'un (un opérateur) et quelque chose (une activité) » sur le site. « Il y a des pistes », a-t-il assuré, sans autre précision.

Interrogées, la société Gad et son actionnaire principal, la Cecab, n'ont pas souhaité réagir à la déclaration du Premier ministre. En redressement judiciaire depuis février, Gad SAS a été autorisé à poursuivre son activité, mais son plan se traduit par l'arrêt de l'activité abattage/découpe à Lampaul-Guimiliau et la suppression de plus de 880 postes. Gad a décidé de concentrer son activité à Josselin (Morbihan), le second abattoir du groupe.

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